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Tutoriels : l'élévation des privilèges (avancé)

Les actions qu'on peut effectuer sur son système sont de deux types :

L'utilisation courante ne demande pas de privilèges particuliers. Par contre pour les tâches d'administration, qui pourraient endommager le système en cas d'erreur, des droits spécifiques sont requis : les droits de super-utilisateur.

De nombreux moyens permettent d'accéder à ces droits spécifiques, ils sont détaillés dans cet article.

Cette page est très complète, car elle s'adresse à des utilisateurs avancés, si ce n'est pas votre cas, référez-vous à l'article « Élévation des privilèges ».

Pré-requis : comprendre l'action que vous allez effectuer

Toute tâche d'administration est sensible, et il n'est pas forcément facile de revenir en arrière.

Il est vivement conseillé de chercher à comprendre les lignes de commande que vous exécuterez, par exemple en utilisant man, car en cas d'erreur, la réinstallation complète du système est parfois l'unique option.

Quel mécanisme choisir ?

Quand doit-on utiliser pkexec/sudo/su/gksudo/kdesudo ?

Prenez de bonnes habitudes !

On trouve plusieurs fois dans cette documentation, sur le forum ou sur des blogs, l'instruction sudo <commande> pour exécuter de nombreux programmes en mode graphique avec des privilèges d'administration !
Bien que ceci fonctionne quand même pour de certains programmes, vous devriez prendre l'habitude de lui préférer polkit, gksudo ou kdesudo.

Utiliser sudo pour exécuter des applications en mode graphique peut causer des problèmes dans votre session utilisateur courante, vous empêchant de poursuivre votre travail.

Un problème de variables d'environnement

Par exemple gksudo estimera que le dossier personnel (c'est-à-dire la variable d'environnement $HOME) pour l'application exécutée en mode privilégiée est à /root plutôt qu'à /home/<identifiant>, et copie le fichier .Xauthority dans un dossier temporaire.

Ceci empêche que des fichiers du dossier personnel de l'utilisateur changent de propriétaire (et donc corrompent la session graphique en cours). En exécutant des applications graphiques avec sudo directement, cette précaution ne sera pas prise.

Même en restant cantonné à des applications en console, des problèmes de variables d'environnement peuvent ou non survenir en fonction des options utilisées par sudo.

Différences entre "sudo -i" et "sudo -s" et pourquoi il est préférable de ne jamais lancer "sudo su"

Voici une commande mettant en évidence ces différences (il est nécessaire que le paquet meld soit installé pour que cette commande fonctionne) :

sudo -s env > /tmp/testenv_sudo_-s ; sudo -i env > /tmp/testenv_sudo_-i ; sudo su -c env > /tmp/testenv_sudo_su ; meld /tmp/testenv_sudo_* && rm /tmp/testenv_sudo_* 

Les principales différences observées, dans le cas où ces commandes sont lancées par l'utilisateur nommé foo :

sudo -s sudo -i sudo su
HOME= /home/foo /root /root
PWD= /home/foo /root /home/foo
PATH= /usr/local/sbin:/usr/local/bin:
/usr/sbin:/usr/bin:/sbin:/bin:/usr/X11R6/bin
/usr/local/sbin:/usr/local/bin:
/usr/sbin:/usr/bin:/sbin:/bin:/usr/games
/usr/local/sbin:/usr/local/bin:
/usr/sbin:/usr/bin:/sbin:/bin:/usr/games
fichier(s) exécuté(s) /home/foo/.bashrc /etc/environment, /root/.login, /root/.profile, /root/.bashrc /etc/environment, /root/.bashrc

On voit donc que ces commandes ont une influence différente sur les variables d'environnement, et cela peut avoir des conséquences inattendues (compilations, exécution de scripts, etc.).

Les avantages de sudo

Les avantages de l'emploi de sudo, par opposition à l'emploi direct d'un unique compte super-utilisateur (root), sont nombreux pour une utilisation dans un environnement domestique ou de PME/PMI :

Remarques sur la sécurité

Le « super-utilisateur » ayant TOUS les droits sur le système, l'utilisation de ses privilèges peut être TRÈS dangereuse, pour plusieurs raisons :

« sudo » n'est-il pas moins sécurisé que « su root » ?

Non : le modèle de sécurité à la base est le même, et les deux modèles partagent une même faiblesse. Tout utilisateur utilisant su root ou sudo pour effectuer des tâches administratives doit être considéré comme un utilisateur privilégié : si le compte de l'utilisateur est compromis par un attaquant, alors l'attaquant peut aussi obtenir une élévation de privilèges et compromettre le système d'exploitation.

Les utilisateurs ayant les droits d'administration doivent être protégés avec les mêmes soins que le compte super-utilisateur.

sudo encourage la modification des habitudes de travail, qui peuvent provoquer un impact positif sur la sécurité du système d'exploitation.
sudo est habituellement utilisé pour exécuter une commande unique, alors que su root est souvent utilisé pour exécuter un terminal root et exécuter des multiples commandes.

L'approche de sudo réduit la possibilité qu'un terminal root soit laissé ouvert indéfiniment sur le poste de travail et encourage l'utilisateur à minimiser son utilisation des privilèges d'administration.

La commande sudo

Valable pour toutes les versions et toutes les variantes, à condition qu'il s'agisse d'exécuter quelque chose dans une console, en ligne de commande.

Dans l'immense majorité des cas où il vous sera demandé d'effectuer une action en ligne de commande (dans un terminal) avec les droits d'administration, il vous de faire précéder votre commande par le mot sudo.

Ouvrez une fenêtre de terminal dans Ubuntu Ouvrez donc une fenêtre de terminal comme indiqué ici.

Exemple, pour modifier un fichier avec l'éditeur de texte nano, la commande serait :

sudo nano /chemin/vers/mon_fichier


N'utilisez pas sudo pour lancer des logiciels graphiques, soit ça ne marchera pas, soit ça risquera de causer des bugs importants et des failles de sécurité.

Saisissez l'instruction sous la forme « sudo <commande> » (ex : « sudo apt-get update »). Après la saisie d'une ligne de commande commençant par sudo, il vous sera demandé de taper votre mot de passe, mais les caractères ne s'afficheront pas à l'écran et il n'y aura pas non plus de petites étoiles *, ce qui est normal. Tapez tout de même votre mot de passe et validez avec la touche Entrée.

La commande demandée s'exécutera alors avec les privilèges du super-utilisateur.

Si vous n'avez pas entré un mot de passe erroné, votre programme se lancera en mode privilégié. En cas d'erreur dans votre mot de passe, recommencez les opérations ci-dessus.

Lors du succès de l'authentification, les tâches administratives sont débloquées pour une durée de quelques minutes : votre mot de passe ne vous sera pas redemandé dans les minutes qui suivent pour effectuer d'autres tâches administratives.

Rediriger un flux avec « sudo »

sudo pose a priori des problèmes pour la redirection de flux dans une console. Par exemple, la redirection suivante ne fonctionnera pas :

utilisateur@ordinateur:~$ sudo echo 2 > /proc/acpi/thermal_zone/ATF0/polling_frequency

La raison de cet échec est que sudo n'exécute que la première tâche (echo 2) avec l'identité empruntée ; la redirection, elle, est effectuée en mode utilisateur uniquement.

La solution, pour contourner cette limitation, est d'appeler un nouvel interpréteur de commandes et de lui faire exécuter votre redirection de flux. Par exemple :

utilisateur@ordinateur:~$ sudo sh -c 'echo 2 > /proc/acpi/thermal_zone/ATF0/polling_frequency'

De cette manière, c'est tout l'interpréteur sh et la commande passée en argument qui est exécutée avec l'identité empruntée.

Observer le journal des tâches exécutées précédemment par « sudo »

L'ensemble des actions exécutées à travers l'utilitaire sudo – qu'elles s'accomplissent avec succès ou échec – sont journalisées. Elles sont inscrites dans le fichier de journal /var/log/auth.log.

Utiliser un terminal en tant que root

Utiliser sudo pour exécuter une seule commande ne cause pas un réel désagrément, mais il peut être désagréable de l'utiliser pour exécuter une longue procédure nécessitant plusieurs interventions en mode super-utilisateur (root).
L'ouverture d'un terminal en mode root permet d'éviter d'avoir à appeler sudo à chacune des étapes de cette procédure, sans avoir à activer l'accès au compte d'utilisateur root.

L'inconvénient de cette méthode est qu'aucune trace des actions posées n'est inscrite dans le journal de sudo (sinon l'ouverture du terminal root lui-même). Il est déconseillé d'ouvrir un terminal root.

Pour vous servir d'un terminal root :

  1. Saisissez la commande suivante :
    utilisateur@ordinateur:~$ sudo -i
  2. Saisissez votre mot de passe à l'invite de saisie de mot de passe ;
  3. Exécutez votre série de commandes d'administration ;
  4. Fermez la session root :
    root@ordinateur:~# exit

    ou "Ctrl d"

Options utiles

Configuration de sudo

Assigner le rôle d'administrateur à un compte d'utilisateur

Promouvoir un compte d'utilisateur au rang d'administrateur dans Ubuntu 10.04 LTS

Seuls les administrateurs sont habilités à effectuer des tâches administratives à travers l'utilitaire sudo. Pour augmenter les privilèges accessibles à un utilisateur, vous devez vous-même avoir d'abord accès à un compte administrateur.

Pour assigner le rôle d'administrateur à un autre compte d'utilisateur :

Les changements de privilèges ne sont pas appliqués dès leur enregistrement. Ils ne sont appliqués que lorsque toutes les sessions en cours sont closes pour le compte concerné. À l'ouverture de session suivante pour ce compte, les nouveaux privilèges sont pris en compte.

Configuration avancée

On peut configurer plus finement les privilèges accordés par l'utilitaire sudo afin d'autoriser ou refuser l'exécution de tâches privilégiées. Plus que simplement autoriser l'exécution de toutes les tâches administratives à un groupe d'utilisateurs par l'authentification par mot de passe, sudo peut être paramétré pour permettre à un utilisateur particulier ou un groupe d'utilisateurs particulier d'exécuter une ou des tâches bien précises, avec ou sans saisie du mot de passe.

D'autres paramètres, tels le délai d'attente avant qu'une ré-authentification soit nécessaire, l'endroit où est enregistré le journal d’événements et le niveau de courtoisie de sudo, sont aussi paramétrables.

Reportez-vous à cette page pour découvrir la configuration avancée avec /etc/sudoers/

Avec Polkit

Fonctionnement de base

Certains logiciels, comme la commande flatpak, la logithèque GNOME, divers gestionnaires de paquets, des éditeurs de partitions, ou les paramètres système vous demanderont parfois automatiquement votre mot de passe pour certaines actions. Il s'agit de logiciels ayant été prévus pour supporter une élévation de privilèges par polkit.

polkit est un logiciel moderne actuellement privilégié par les développeurs d'environnements graphiques grâce à la sécurité qu'il fournit, en effet il fonctionne selon le principe suivant : un programme (démon) s'exécute en arrière-plan (sans fenêtre), et dispose des droits root. Les applications sont invitées à lui demander les droits nécessaires pour effectuer des opérations spécifiques. Cela évite de lancer des programmes graphiques en tant que super-utilisateur, ça évite également d'utiliser sudo pour des commandes n'en ayant pas besoin, la sécurité est donc accrue, et moins d'actions sont requises de la part de l'utilisateur (ce sont les applications qui demandent les droits, pas l'utilisateur).

Exemples

Parmi les programmes capables d'utiliser PolKit, on peut citer :

Si votre compte est paramétré correctement comme étant administrateur, l'action demandée pourra alors s'effectuer sans problème (sinon, référez-vous à ceci).

L'exemple de Nautilus

À partir d'Ubuntu 17.10, dans l'explorateur de fichiers Nautilus, on peut faire précéder l'adresse (accessible en faisant "Ctrl L") par le préfixe admin:/// (exemple : admin:////usr/share/applications/), le mot de passe sera alors demandé, et l'emplacement en question sera ouvert avec les droits d'administration. Vous pourrez notamment y modifier des fichiers avec gedit.

Pourtant, remarquez que Nautilus conserve la configuration de l'utilisateur courant (signets, thèmes, …) : polkit agit comme un filtre très précis, qui ne prend à root que ses privilèges de lecture et d'écriture dans les dossiers, sans prendre sa configuration.

Utiliser polkit dans un terminal

Ceci fonctionne dans un terminal ouvert au sein d'un environnement graphique. Ça ne fonctionne pas en mode console !

En faisant précéder une commande par pkexec, on peut la lancer avec des privilèges élevés. Exemples :

pkexec synaptic
pkexec apt update
Pour qu'un programme "sache" nativement s'exécuter via polkit (par exemple ci-dessus, Synaptic, qui fonctionnera si votre système utilise Xorg), il est préférable qu'il ait été "conçu pour ça" par les développeurs.

Tous les programmes ne fonctionneront pas aussi facilement, et notamment les programmes graphiques, qui nécessitent quelques précautions pour se lancer proprement (paragraphe ci-dessous).

Logiciels graphiques

Pour se lancer via pkexec, les logiciels graphiques ont besoin de quelques variables d'environnement, qu'il faut préciser dans la commande.

Pour un hypothétique programme nommé "bidule", saisissez la commande suivante dans un terminal :

pkexec env DISPLAY=$DISPLAY XAUTHORITY=$XAUTHORITY bidule

Le programme devrait se lancer en tant qu'administrateur.

Les façades graphiques pour sudo

Si vous utilisez le protocole d'affichage Wayland, les manipulations qui suivent ne fonctionneront pas : reportez-vous à ce paragraphe de la page dédiée.

Ces façades graphiques ne sont plus utilisées couramment depuis Ubuntu 13.10, et peuvent donc rencontrer des problèmes avec certaines applications.

Lancer des applications graphiques (c'est-à-dire ayant une fenêtre) en tant que super-utilisateur n'est pas une bonne pratique : il est toujours préférable de rechercher comment atteindre le même but via un utilitaire en ligne de commande. Si toutefois vous n'avez pas d'alternative, notez que l'usage du sudo utilisé pour les lignes de commande n'est pas approprié dans ce cas : il y a entre autres un risque d'écrasement de vos configurations.

Il est donc préférable d'utiliser un utilitaire approprié à votre environnement. Ces utilitaires ne sont pas installés par défaut, il faut les ajouter. Les plus répandus sont gksudo pour Ubuntu, Xubuntu, Ubuntu MATE, Ubuntu Budgie ou Lubuntu ; ou bien kdesudo pour Kubuntu ou l'environnement LXQt.

gksudo

Installation

L'utilitaire gksudo (ou gksu) n'est pas installé par défaut dans Ubuntu.

Installez donc le paquet gksu pour l'obtenir.

Utilisation

Depuis une invite d'exécution de programme (Alt+F2) ou depuis un terminal, saisissez le nom du programme à exécuter, en le faisant précéder de "gksudo". Exemple :

gksudo mousepad
Saisissez l'instruction sous la forme « gksudo "nom du programme" » (ex : « gksudo "update-manager" »). Saisissez l'instruction sous la forme « gksudo nom du programme » (ex : « gksudo xdg-open /etc/default/grub »).

Validez la commande ; une boîte de dialogue pour la saisie de votre mot de passe s'affiche. Saisissez le mot de passe de votre compte d'utilisateur.

Saisissez votre mot de passe.

Si vous n'avez pas entré un mot de passe erroné, votre programme se lancera en mode privilégié. En cas d'erreur dans votre mot de passe, recommencez les opérations ci-dessus.

Lors du succès de l'authentification, les tâches administratives sont débloquées pour une durée de quelques minutes : votre mot de passe ne vous sera pas redemandé dans les minutes qui suivent pour effectuer d'autres tâches administratives.

kdesudo

Installation

L'utilitaire kdesudo n'est pas installé par défaut dans Kubuntu.

Installez donc le paquet kdesudo pour l'obtenir.

Utilisation

Depuis une invite d'exécution de programme (Alt+F2) ou depuis un terminal, saisissez le nom du programme à exécuter, en le faisant précéder de "kdesudo". Exemple :

kdesudo "kate"

Utilisez les guillemets anglais pour entourer le nom de votre programme, particulièrement si celui-ci utilise plusieurs arguments.

Saisissez l'instruction sous la forme « gksudo "nom du programme" » (ex : « kdesudo "kpackagekit" »).

Validez la commande ; une boîte de dialogue pour la saisie de votre mot de passe s'affiche. Saisissez le mot de passe de votre compte d'utilisateur.

Saisissez *votre* mot de passe.

Si vous n'avez pas entré un mot de passe erroné, votre programme se lancera en mode privilégié. En cas d'erreur dans votre mot de passe, recommencez les opérations ci-dessus.

Lors du succès de l'authentification, les tâches administratives sont débloquées pour une durée de quelques minutes : votre mot de passe ne vous sera pas redemandé dans les minutes qui suivent pour effectuer d'autres tâches administratives.

Activer et désactiver le compte root

Activer le compte root n'est pas nécessaire et est déconseillé. Toutes les tâches d'administration auxquelles on est confronté sous Ubuntu peuvent être réalisées avec polkit ou sudo.

Si le besoin d'un login en tant que root se fait ressentir, la meilleure alternative est de le simuler avec la commande suivante :

sudo -i

Il est possible de sortir de ce shell avec le raccourci "Ctrl d" ou avec la commande suivante :

exit

À vos risques et périls, donc : pour activer le compte root (c'est-à-dire lui donner un mot de passe), on peut utiliser la commande suivante:

sudo passwd root
Se connecter graphiquement à votre environnement de bureau en tant que root peut poser de très gros problèmes.

Si vous pensez avoir besoin d'un compte root activé pour réaliser une certaine action, consultez un canal de support officiel (irc, liste de diffusion, forum, …) avant de l'activer, afin de vous assurez qu'il n'y a pas une meilleure méthode pour réaliser cette action.

Pour désactiver un compte root précédemment activé:

sudo usermod -p '!' root

Autres

Les comptes super-utilisateurs d'applications particulières

Certains programmes ou services affirmeront avoir besoin de comptes « super-utilisateurs », par exemple c'est généralement le cas avec des systèmes de bases de données (comme MySQL ou MariaDB).

Ce compte super-utilisateur est indépendant et distinct de celui du système d'exploitation : il est spécifique au programme ou service en particulier, vous devez paramétrer ce compte avec les outils que le programme fournit. Consultez pour cela les documents d'aide relatifs à l'application concernée.

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